Erikson apporte trois contributions majeures à l’étude du moi. Les voici :
- Le développement de l’identité personnelle se poursuit pendant la vie entière. Le moi est changeant et réceptif.
- Il existe, outre les quatre étapes du développement psychosexuel décrites par Freud, des stades psychosociaux du développement du moi. À chaque stade, l’individu doit établir de nouvelles orientations, importantes pour lui-même et pour son monde social. Aspect positif, les échecs à l’un des stades antérieurs du développement peuvent être corrigés par des succès à des stades ultérieurs.
- Il y a huit âges dans le cycle de la vie humaine, auxquels correspondent huit stades psychologiques majeurs bipolaires. Chaque stade a une composante positive et une composante négative. Le choix s’effectue sous l’influence de l'interaction sociale : interaction de l’individu avec lui-même et avec son environnement. Erikson prend en considération le rôle que la société et le sujet lui-même jouent dans la formation et les modifications successives de la personnalité et du moi. En mettant l’accent sur les problèmes propres aux adolescents et aux adultes, Erikson relativise ainsi l’importance des conflits de l’enfance et l’influence des parents.
Les caciques de l'establishment freudien lui font grief de voir l’homme sous un jour trop optimiste et de surestimer les capacités à se guérir soi-même. Toutefois, et c'est en cela qu'il me plaît, son point de vue fait contrepoids à la vision négative de l’homme qui est celle de l’école freudienne. Le schéma eriksonien des stades de la vie se décompose comme suit.
- Pendant la première année de la vie, on assiste au premier stade, celui de la petite enfance. Selon Erikson, l’interaction sociale est délimitée à une extrémité par la confiance fondamentale et, à l’autre, par la défiance.
- Entre deux et trois ans, l’enfant traverse le deuxième stade. Erikson constate ici l’apparition de l’autonomie fondée sur les nouvelles capacités motrices fondamentales de l’enfant et son désir de tout faire par lui-même. Si les adultes qui l’entourent sont trop impatients, ils renforcent chez l’enfant un sentiment de doute.
- La dimension sociale du troisième stade, entre quatre et cinq ans, comporte l’initiative et la culpabilité.
- Le quatrième stade, de la sixième à la onzième année, est une période pendant laquelle l’enfant devient capable de raisonner par déduction et d’apprendre en obéissant à des règles. Erikson soutient que la dimension psychosociale qui se dégage durant cette période est caractérisée par l’industrie (le souci de savoir comment les choses sont faites et fonctionnent) à l’une des extrémités et par un sentiment d’infériorité à l’autre extrémité.
- La crise d’identité — ou confusion des rôles — occupe une place importante dans le cinquième stade: l’adolescence (de douze à dix-huit ans). La nouvelle dimension interpersonnelle touche, du côté positif, à un sens de l’identité du moi (l’acquisition d’une identité sociale) et, du côté négatif, à un sentiment de diffusion du rôle (le sentiment de ne plus savoir ce que l’on est, où l’on va, à qui l’on se rattache).
- Le sixième stade s’étend de la fin de l’adolescence au début de l’âge mûr. La nouvelle dimension interpersonnelle est délimitée d’une part par l’intimité (la capacité de se lier avec des gens et de partager sa vie avec autrui sans craindre de se perdre soi-même) et de l’autre par l’isolement.
- Le septième stade — l’âge mûr — coïncide avec l’apparition d’une dimension caractérisée par la générativité à une extrémité (la capacité de s’intéresser à la société et à d’autres personnes que les membres de sa famille) et par le souci exclusif de soi-même, soit la stagnation, à l’autre extrémité.
- Enfin, le dernier âge ou stade de la vie, la vieillesse, est marqué soit par l’intégrité personnelle, quand l’individu est en mesure de considérer sa vie passée avec satisfaction, et, soit par un sentiment de désespoir ou d’échec, lorsqu’il voit sa vie comme une suite d’occasions manquées et de choix malencontreux.
Je vérifie chaque jour - avec amertume ou espérance - la pertinence des propos de mon vieux maître.